La tablette graphique sera prochainement embarquée dans les avions
Airbus l'a rêvé, GFI l'a réalisé. La société GFI qui a racheté récemment 4 départements informatiques de Thalès se chargera d’intégrer la tablette graphique dans les cokpits. Le secteur informatique de Thalès change de main mais pas de philosophie, avec toujours plus d’automatisation.
Au fait, si la tablette graphique se met à "bugger" et/ou à fournir de fausses informations, qui sera juridiquement responsable ? Son concepteur informatique, les fournisseurs de données en provenance du "cloud", ou malgré tout les opérateurs (pilotes) ? Déjà qu'il est extrêmement compliqué d’établir un lien juridique avec le constructeur aéronautique, imaginez un peu un dysfonctionnement du système informatique embarqué couplé à une tablette graphique qui fournit des informations erronées sur les pistes d’atterrissage ou sur les procédures…ou qui s’arrête brusquement de fonctionner parce que ce matériel est programmé pour avoir une durée de vie limitée.
Après le joystick et la tablette graphique, la prochaine étape consistera peut-être à disposer un avatar à la place du pilote via la Kinect de la xbox de notre salon. On conserve un pilote, virtuel mais responsable parce qu'il faut bien maintenir un fusible. Ne leur soumettez par l'idée, Airbus serait capable de la mettre en application !
Et par voie de prolongement, toujours la même question récurrente : était-il possible humainement de comprendre la situation inhérente à l'informatique et d'y remédier dans un laps aussi court et dans des conditions aussi défavorables ? La réponse pourtant semble de plus en plus évidente, et ce n’est certainement pas ce nouvel outil qui va apporter la solution tant attendue.
Qui a dit que la tablette graphique sera une « tuerie » technologique ? On ne croit peut-être pas si bien dire !
L’EASA adopte la tablette graphique
Patrick Goudou (président EASA) a affirmé début octobre que l’augmentation de la durée de travail des équipages serait sans conséquences sur la sécurité des vols, preuves scientifiques à l’appui. On peut se demander d’où vient une affirmation aussi saugrenue ! Les Etats-Unis ont déjà fait l’amère expérience d’un tel libéralisme qui s’était soldé par une quantité importante de catastrophes, faute de repos suffisant des équipages. En réalité, le prix du billet d’avion sous prétexte de devoir rester concurrentiel avec les compagnies « Low Cost » doit se faire sur une sécurité à moindre coût.
Quand on sait que l’EASA a attendu le crash de l’AF447 pour enfin interdire les pitot AA Thalès alors que tous les signaux étaient au rouge depuis longtemps et qu’il continue de refuser sous des prétextes chaque jour plus fallacieux de répondre aux convocations de la justice Française, on peut véritablement s’interroger sur la volonté de cet organisme d’améliorer la sécurité aérienne.
Et la tablette graphique dans tout ça ? L’EASA n’a pas encore homologué celle de la société Apple mais l’a fait pour une tablette concurrente. Cela pourtant ne saurait tarder tant cet organisme est prêt à satisfaire la moindre des volontés des groupes d’influence.
Au fait, l’abréviation EASA signifie Agence Européenne de la Sécurité Aérienne (AESA en français). Quand cet organisme s’occupera enfin de sécurité aérienne à la place des intérêts des industriels, je pourrais peut-être remonter dans un avion.
Laurent (membre de l’association)
* La tablette graphique est un dispositif informatique permettant à son utilisateur de consulter divers éléments (graphisme, schéma, dessin, écriture manuscrite...).